Conté par Aubépin Chicon, maître queux de sa majesté Philippe-Henri Souris V
Il y a fort fort longtemps, quand la création du jardin des six saisons n’était pas totalement achevée, il advint qu’une elfe bleue entra dans une terrible colère contre son mari. Elle était tellement hors d’elle, que la couleur de ses cheveux en fût altérée et d’un beau bleu tourna au rouge. Son mari n’en menait pas large ! L’allure de sa compagne était pour le moins devenue terrifiante et s’il tentait de se présenter devant elle il risquait pour ainsi dire de se faire écraser une tarte ou une poêle sur son visage.
Il n’avait rien d’autre à faire que de trouver un moyen de se faire pardonner. Il partit donc dans la forêt, cherchant sous les arbres des grands bois. Il assembla un bouquet de fleurs de sureau et de feuilles de rhubarbe et retourna chez lui. Vous n’auriez pas eu le temps de vous faire frire un œuf sur le plat, qu’il ressortait déjà piteusement, son bouquet obstruant sa bouche.
Désespéré, il en référa à l’Automne elle-même, lui demandant pourquoi les forêts du Nord étaient dépourvues des belles fleurs qui poussent dans les prairies du Centre. La gardienne des forêts lui rétorqua que c’était là le domaine du Printemps et qu’elle serait incapable de créer de telles plantes. Pensive, elle ajouta néanmoins qu’il y avait peut-être une autre solution. Elle créa un petit buisson portant les petits fruits rouges que l’on nomme airelles. L’elfe goûta les fruits, mais ils étaient acides, et n’avaient pas bon goût, cela ne ferait pas l’affaire ! L’Automne créa alors de petits buissons portant les petits fruits noirs que l’on nomme cassis. L’elfe goûta les fruits. Ils étaient toujours acides même si leur goût s’était amélioré. Ainsi de suite, l’automne créa les groseilles, les mûres, les framboises et, finalement, les fraises ! Quand l’elfe goûta les somptueuses baies rouges, il déclara que c’était là la solution.
Il apportât des fraises à sa femme et, alors qu’elle semblait sur le point de lui mettre une pêche en pleine poire pour le faire tomber dans les pommes, elle se ravisa et, goûtant les fruits à son tour, ses cheveux finalement redevinrent bleus.
On dit que cet elfe a ouvert une auberge qui, encore aujourd’hui, servira aux voyageurs ses spécialités concoctées avec les plantes et les fruits des sous-bois. Les connaisseurs s’attarderont en particulier pour le dessert qui a donné son nom à l’auberge de la tarte aux fraises.
Cool des nouvelles, ça faisait longtemps. Joli récit au passage, j’aime beaucoup
Yep, je partage beaucoup d’illustrations sur facebook, mais le blog était pas très vivant. J’ai dernièrement mis la main sur de gros recueils de contes « bruts », pour ainsi dire (i.e. des contes telle que retranscrits dans les années 1800), et j’ai voulus en partager quelques-uns ici, adaptés et retravaillés pour le monde d’Oreinidia.